St Jean, St Joseph et St Jean-Baptiste | XIXème
Eglise Ste Elisabeth de Hongrie
Paris, Ile-de-France (75)
Nous sommes au début du XIXème, Napoléon III est au pouvoir et le mouvement de construction d’édifices religieux commencé modestement sous la Restauration est alors à son apogée. Cet engouement qui touche tous les diocèses, se traduit par le lancement d’une centaine de chantiers de construction d’églises. Mais il faut aussi habiller ces édifices de couleurs et de lumière. L’art du vitrail, délaissé pendant plusieurs siècles, revient alors à la mode mais la France est à la traîne dans ce domaine.
C’est à cette même période que sont commandés six vitraux pour l’église Ste Elisabeth dont ces trois portraits de St Jean, St Joseph et St Jean-Baptiste. Les propositions en verres colorés des ateliers français ne satisfont pas les commanditaires qui vont plutôt regarder ce qui se fait outre-manche. Ce sont des peintres verriers anglais qui vont répondre à la demande parisienne: Edward Jones et Warren-White.
Ce seront les premiers vitraux de pleine couleur déposés dans une église à Paris. Pas de verres teints dans la masse, pas d’émaux, on met de côté les techniques médiévales du vitrail pour des verres peints de grande dimension dont le degré de finition et de précision dans le traitement des modelés et des drapés est exceptionnel. Ces baies amorceront une tendance que l’on retrouvera sur des verrières réalisées à la même période, comme au château de Randan sur lequel nous avons aussi travaillé.
Notre intervention consistait à traiter des pathologies relativement courantes: encrassement des verres, casses multiples et pièces lacunaires. La difficulté résidait toutefois dans la restauration de certaines zones peintes endommagées puisque nous devions à la fois préserver ces peintures remarquables tout en respectant la facture et les procédés de réalisation des anglais, aussi bien pour les greffes que pour les retouches faites à froid. Notre expertise et notre savoir-faire nous ont permis de réussir cet exercice délicat et de restituer aux vitraux de Sainte Elisabeth leur intensité et luminosité d’antan.
Ces trois baies sont les seules à avoir conservé leur place dans le bas-côté droit de l’église sur les six originellement commandées. Ces œuvres ont une place toute particulière dans l’histoire du vitrail en France puisqu’elles vont permettre de créer une émulation, portée notamment par la Manufacture de Sèvre, afin de reconquérir une méthodologie et des savoirs-faires qui avaient disparu des ateliers de vitrail français.