SEINE-SAINT-DENIS (93) | Basilique de Saint-Denis
Vitraux du déambulatoire – XIII ème siècle
Saint-Denis, Seine-Saint-Denis (93)
Il nous a fallu cinq mois pour restaurer cette œuvre unique. Ce vitrail du XIIème siècle situé dans la nef de la cathédrale du Mans est un vrai trésor puisqu’il est le plus ancien vitrail d’Europe conservé in situ dans son édifice d’origine.
Il est composé de quatre panneaux et de deux registres superposés sur lesquels est représentée la Vierge couronnée par les Apôtres assistant à l’Ascension du Christ. Les figures de Jésus et des Anges ont malheureusement disparu. L’intégralité des personnages peints restants sont en grisailles brunes appliquées sous forme de traits ou en aplats et se détachent d’un fond en damier rouge et bleu.
Durant la dernière restauration réalisée en 1974, un film de protection en résine synthétique avait été posé sur les surfaces internes et externes du vitrail afin de préserver aussi longtemps que possible les peintures et les plombs, mais des signes de dégradations très avancées ont été notés en 2004 et le chantier de restauration de cette œuvre délicate nous a alors été confié.
Nous avons entamé la restauration de l’Ascension du Christ en étroite collaboration avec le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques. Il s’agissait pour nous de traiter en premier lieu les pathologies du verre, la matière ayant été naturellement endommagée, notamment à cause de l’eau et de nombreux dépôts.
La rigidité du réseau de plombs et la fragilité de la grisaille laissaient craindre que les panneaux ne puissent pas supporter un dessertissage des verres impliquant de nombreuses manipulations à risque. Les parties abîmées ont donc été enlevées sans retirer le verre.
Un nettoyage des deux côtés du vitrail a été effectué pour supprimer l’excès de résine qui obscurcissait les verres dû à sa détérioration physique et chimique. La manipulation de la face interne fut extrêmement délicate car elle nécessitait d’intervenir sur les grisailles et le verre. Nous avons donc utilisé une loupe binoculaire pour assurer ce travail de précision et les dépôts ont été retirés à l’aide d’un coton sur bâtonnet avec un mélange de solvant, eau, éthanol.
Certains plombs de casse (pour masquer ou consolider la casse d’une pièce) situés sur les pièces non peintes et facilement accessibles ont été supprimés afin d’améliorer la lisibilité du panneau et ainsi se rapprocher de la composition d’origine du XIIème; la dernière mise en plomb datant aussi de la restauration de 1974.
L’ensemble du chantier a été conclu avec la pose d’une verrière de protection avec ventilation naturelle pour préserver l’œuvre et éviter tout phénomène de condensation.
Date de restauration : 2022 – 2023
Maitre d’œuvre : 2BDM – M. MOULIN – Architecte en Chef des Monuments Historiques
Maitre d’ouvrage : DRAC Île-de-France – 75